Le piège de l’anti-fascisme
Réflexions et textes rassemblés
Introduction. 1
I] L’antifascisme comme forme d’adhésion au système. 1
1) Prenons l’exemple de l’Espagne : 1
2) Pour en finir avec le fascisme et l’antifascisme : lutte de classes. 2
II] L'antifascisme démocratique: un mot d'ordre anti-prolétarien qui a déjà fait ses preuves. 3
1) Qu'est-ce que l'Etat bourgeois démocratique?. 4
2) A propos du fascisme. 5
3) Qu'est-ce que l'anti-fascisme démocratique?. 6
Conclusion : 7
L’antifascisme est une idéologie bourgeoise, visant à mêler les intérêts du prolétariat et à ceux de la bourgeoisie, pour sauvegarder le capitalisme en crise.
L’unité antifasciste n’est rien d’autre que la collaboration de classe. Le prolétariat, au lieu d’affronter ses ennemis (la bourgeoisie fasciste et antifasciste) dans une véritable guerre de classe, se verra obligé de servir de chair à canon pour les deux bourgeoisies avec la complicité de quelques uns de ses « dirigeants les plus avancés ».
Le slogan « tous contre le fascisme » peut illustrer une tendance à la collaboration de classe. L’alliance, en plateformes et autres, avec les forces contre-révolutionnaires de la gauche capitaliste est évidente dans la plupart des cas. Un slogan si général peut être assumé par tous, de la gauche collaborationniste à la droite libérale.
On collabore à nouveau avec nos ennemis de classe, torpillant nos propres intérêts, pour défendre tous ensemble nos ennemis apparemment les plus directs et les plus atroces : les fascistes.
Il en résulte qu’au lieu de faire la révolution quotidiennement nous nous allions avec ses ennemis.
Après la guerre de 14-18 le capitalisme ne jouait déjà plus un rôle progressif, il ne développait plus les forces productives autrement qu’en provoquant des crises et des guerres. C’est dans ce contexte que surgira le fascisme, mais aussi l’antifascisme, tous deux poursuivant un but identique, bien qu’il puisse paraître contraire : sauvegarder les intérêts du capital impérialiste et écraser le prolétariat international.
La Guerre Civile espagnole illustre à la perfection le rôle contre-révolutionnaire de l’antifascisme.
Le 19 juillet 1936, dans plusieurs villes d’Espagne, les ouvriers ont barré la route à la rébellion militaire et ont lancé une dynamique d’expropriation de type clairement révolutionnaire. L’apogée de ce processus sera de courte durée, la constitution même du Comité de Milices Antifascistes (organisme interclassiste qui déplace le protagonisme des masses vers la direction des organisations) met en évidence l’attaque de la bourgeoisie antifasciste contre le prolétariat.
Le conclave de Burgos et le gouvernement républicain de Madrid forment l’axe d’une même pince qui se referme sur la classe ouvrière.
L’Espagne ne sera pas le théâtre d’une guerre révolutionnaire, ni même d’une guerre civile, sinon celui d’une guerre impérialiste.
La bourgeoisie tant nationale qu’internationale, impliquée des deux côtés, règle ses comptes aux dépens du prolétariat.
Durant la guerre d’Espagne, l’idéologie qui s’imposera, comme prétendue nécessité inéluctable, sera l’antifascisme : le frontisme et la collaboration de classe - incluant la chefferie (on ne peut pas les appeler autrement) de la CNT-FAI et les opportunistes du POUM se démarquant ainsi d’une politique réellement révolutionnaire et se pliant au pragmatisme d’une politique de guerre.
Les événements de mai à Barcelone se présentent clairement comme l’épilogue d’un désir frustré de communisme d’une partie du prolétariat. C’est à partir de mai que l’on peut dire que la bourgeoisie (par la main de ses alliés staliniens) l’a emporté sur une révolution inachevée (les banques ne furent pas touchées, l’argent ne fut pas aboli, et surtout l’État ne fut pas détruit, bien au contraire : au lieu de ça quelques anarchistes allèrent jusqu’à se convertir en ministres). Le cadavre de Camilo Berneri sera l’étendard d’un des crimes de l’antifascisme les plus évidents.
Les ouvriers espagnols furent massacrés sous la bannière de l’antifascisme et luttèrent en définitive (sans le vouloir) pour le triomphe du capitalisme.
D’un autre côté surgit à nouveau la dichotomie démocratie ou fascisme (deux visages du même capitalisme) qui pousse à renforcer l’alternative démocratique face à l’éventualité fasciste, le capital sortant victorieux de ce faux affrontement.
L’essence de l’antifascisme consiste à renforcer la démocratie, dans une tentative de l’opposer au fascisme : une lutte qui ne serait pas dirigée contre le capitalisme mais qui aurait pour finalité d’empêcher qu’il ne devienne totalitaire. En diffusant cette utopie l’antifascisme tente d’occulter l’existence des antagonismes de classe. Dans la stratégie antifasciste il n’existe pas deux classes qui s’affrontent l’une à l’autre - le prolétariat et la bourgeoisie. Il n’existe pas non plus deux projets opposés : le communisme et le capitalisme ; l’abolition de la société de classes et l’imposition du travail sous la dictature capitaliste. Bien au contraire, la polarisation bourgeoise prévaut : "démocratie" contre "fascisme", "état légal" contre "état policier", "citoyenneté" contre "militarisation", "parlementarisme" contre "régime dictatorial". Le fascisme, dans la majorité des cas, est identifié à l’État Totalitaire. Les campagnes antifascistes (tout comme les campagnes fascistes) prétendent reconstruire l’unité nationale autour de l’État, comme une adhésion des prolétaires à la reproduction des relations sociales capitalistes. Aujourd’hui, comme hier, les idéologues du Capital tentent de recréer la polarisation entre fascisme et antifascisme, avec pour objectif de provoquer une guerre totale qui stimulera l’émergence d’un nouveau cycle d’accumulation capitaliste.
L’antifascisme prend comme argument les massacres fascistes pour justifier la guerre. Il camoufle ainsi la réalité de la guerre qui est une nécessité du capital qui lui permet de détruire à court terme les forces productives existantes. Mais toute guerre nécessite une justification pour enrôler les prolétaires sous sa bannière. La lutte contre le fascisme servit pour justifier le massacre de 50 millions de prolétaires. Pourtant, même selon une analyse "impartiale" on est forcé de reconnaître que les camps de concentration nazis ne furent pas les uniques horreurs de la guerre : les bombes atomiques lancées sur Hiroshima et Nagasaki, les bombardements assassins massifs sur les villes allemandes, le massacre de Sétif en Algérie en mai 1945, le même jour que "l’armistice".
Depuis plus de quarante ans, qui sont pour nous quarante ans de contre-révolution, les partis communistes dégénérés, mais aussi les «gauchistes» ont substitué à la seule alternative réelle, capitalisme ou communisme, une fausse alternative: fascisme ou démocratie.
Le fait que l'on parle de «fascisme» à propos de toute violence montre à quel point la gangrène démocratique a tout infesté. Mais si l'antifascisme actuel est une mascarade, il a une fonction bien précise, et tout à fait sérieuse: essayer, alors que les signes de crise économique se font sentir, de recommencer l'opération du Front Populaire, de sauver la domination du capital par les moyens les moins coûteux, en enchaînant chaque prolétariat à sa bourgeoisie nationale, y compris jusqu'à la guerre, en le détournant de sauter à la gorge de son véritable ennemi, l'Etat bourgeois, qu'il soit démocratique ou fasciste.
Avant tout, en cette période de contre-révolution, nous devons rappeler que les communistes ne luttent pas pour trouver la meilleure forme d'Etat capitaliste, mais pour détruire le capitalisme, c'est-à-dire abolir le salariat, l'économie de marché, les fondements matériels mêmes de la société de classe. Cette révolution, après l'échec final des luttes internationales dans les années 20, n'a été réalisée nulle part dans le monde: ni en Russie, ni en Chine, ni à Cuba, ni au Chili... Elle ne peut se faire sans une lutte de classes violente et sans la destruction de l'Etat qui protège le régime du Capital. Voilà les tâches qui sont mondialement à l'ordre du jour depuis plus d'un siècle, depuis le Manifeste Communiste.
Depuis plus de quarante ans, qui sont pour nous quarante ans de contre-révolution, les partis communistes dégénérés, mais aussi les «gauchistes» ont substitué à la seule alternative réelle, capitalisme ou communisme, une fausse alternative: fascisme ou démocratie. Des millions de prolétaires sont morts dans la dernière guerre mondiale pour «terrasser définitivement le fascisme», et pourtant, si l'on en croit les opportunistes de tous bords, il reste encore le seul ennemi à combattre!
Le fait que l'on parle de «fascisme» à propos de toute violence montre à quel point la gangrène démocratique a tout infesté. Mais si l'antifascisme actuel est une mascarade, il a une fonction bien précise, et tout à fait sérieuse : essayer, alors que les signes de crise économique se font sentir, de recommencer l'opération du Front Populaire, de sauver la domination du capital par les moyens les moins coûteux, en enchaînant chaque prolétariat à sa bourgeoisie nationale, y compris jusqu'à la guerre, en le détournant de sauter à la gorge de son véritable ennemi, l'Etat bourgeois, qu'il soit démocratique ou fasciste.
L'Etat bourgeois a de tout temps usé de ce que les démocrates actuels appellent des «procédés fascistes». La démocratie bourgeoise, c'est aussi la violence la répression contre le prolétariat, et la violence «illégale», le mépris de sa propre légalité. Toute société de classe est violente; la société capitaliste use tout autant et même plus de la violence que les précédentes, à commencer par la violence latente, constante, qui oblige les «sans réserves «à se vendre au Capital: nous appelons violence ce soi-disant «ordre» économique quotidien qui mutile un ouvrier toutes les deux heures, en tue un par jour dans chaque pays d'Europe, écrase et opprime dans les meilleures conditions «pacifiques», des millions de prolétaires.
Dira-t-on qu'il n'y a pas de comparaison possible avec les camps hitlériens? Il faut rappeler inlassablement à la sensibilité démocratique, très sélective, les tableaux de chasse du capital démocratique: répression ouvrière: journées de juin 1848, la Commune de Paris de 1871, la contre-révolution blanche appuyée par les impérialistes démocratiques en Russie et qui déclencha la guerre civile après la prise du pouvoir par les bolcheviks, le bain de sang de la contre-révolution en Allemagne, en janvier 1919, dirigée par les socialistes et démocrates Ebert, Noske, Scheidemann. A ces faits saillants, il faut ajouter la répression chronique contre les grèves dans les périodes dites «pacifiques» du capitalisme: de Carmaux à Fourmies, les «gouvernements de gauche» en France n'ont rien à envier au gouvernement franquiste qui tire sur les ouvriers à El Ferrol. Nous comptons parmi les victimes du capital les millions de prolétaires massacrés pendant les deux dernières guerres mondiales pour permettre au capital de se régénérer en détruisant des masses d'hommes, de produits, d'usines.
Ne pas répéter inlassablement tout cela, c'est se faire complice de la bourgeoisie, qui essaie de faire passer ses violences régulières contre tout ce qui menace sa domination comme de regrettables Incidents, des survivances d'une époque barbare, que le Progrès pourrait réduire.
Oui, disent les antifascistes, mais le fascisme, c'est la violence illégale, la suppression des garanties juridiques, des libertés de parole, de réunion, de presse, le mépris de la volonté populaire exprimée par les élections. C'est pourquoi il faudrait, sans en faire un but, conserver ces libertés démocratiques qui seraient un premier pas, un moyen indispensable à la classe ouvrière pour s'organiser...
Prétendre que la bourgeoisie respecte sa propre légalité quand il y a un danger réel, c'est un mensonge, une hypocrisie ou une naïveté inexcusable. Voilà ce que Lénine répondait à Kautsky en 1918, dans «La Révolution Prolétarienne et le Renégat Kautsky» (Editions Sociales, 1953, pp. 22-23):
«Prenez les lois fondamentales des Etats contemporains, prenez leur gouvernement, prenez la liberté de réunion ou de presse, prenez l'«égalité des citoyens devant la loi», et vous verrez à chaque pas l'hypocrisie de la démocratie bourgeoise bien connue de tout ouvrier honnête et conscient, Il n'est point d'Etat, même le plus démocratique, qui n'ait dans sa constitution des biais ou des restrictions permettant à la bourgeoisie de lancer la troupe contre les ouvriers, de proclamer la loi martiale, etc... «en cas de violation de l'ordre», en fait, au cas où la classe exploitée «violait» son état d'asservissement, et si elle avait la velléité de ne pas se conduire en esclave. Kautsky farde cyniquement la démocratie bourgeoise; il ne souffle mot de ce que font, par exemple, contre les ouvriers en grève, les bourgeois les plus démocrates et les plus républicains d'Amérique ou de Suisse. Oh! le sage et savant Kautsky n'en dit rien! Il ne comprend pas, cet érudit et homme politique, que le silence ici est une lâcheté. Il préfère raconter aux ouvriers des contes d'enfants, par exemple que démocratie veut dire «protection de la minorité» (...) Le savant M. Kautsky a «oublié» - vraisemblablement oublié par hasard -une «bagatelle», à savoir que le parti dominant de la démocratie bourgeoise n'accorde la défense de la minorité qu'à un autre parti bourgeois; tandis que le prolétariat, dans toute question sérieuse, profonde, fondamentale, reçoit en guise de «protection de la minorité», la loi martiale ou les massacres. Plus la démocratie est développée, et plus elle est près, en cas de divergence politique profonde et dangereuse pour la bourgeoisie du massacre et de la guerre civile...»
Qu'il n'y a pas de «volonté populaire» dans une société divisée en classes, mais une dictature cachée de la bourgeoisie
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Le fascisme ne provient pas de la lutte violente du prolétariat, mais de l'échec de cette lutte, qu'il est le coup de grâce porté par la bourgeoisie à un ennemi déjà presque abattu, et abattu par les opportunistes et les gouvernements démocratiques.
L'insurrection prolétarienne de janvier 1919, dirigée par les spartakistes a été directement réprimée par le gouvernement Social-Démocrate, au nom du maintien de l'ordre démocratique.
En Allemagne comme en Italie, contrairement à la mythologie petite-bourgeoise, les bains de sang pour le prolétariat ont été antérieurs à la montée du fascisme: ils ont été l'œuvre des démocrates!
En Espagne, où depuis 1931 le gouvernement de «gauche» avait rempli ses tâches de répression (grève des Asturies, révolte agraire en 32), sans pouvoir venir à bout de la crise, l'annonce du débarquement de Franco a provoqué dans la Catalogne un soulèvement social spontané, qui mettait en danger l'ordre démocratique et constituait une menace non pas pour la «paix du monde», mais pour le pacifisme social.
Qu'ont fait les républicains? Ils ont repris en mains la Catalogne (tout en évacuant, pour plaire aux bourgeoisies française et anglaise, la flotte de Tanger, permettant ainsi à Franco de recevoir des renforts). Ils ont annulé toutes les mesures (partielles) anti-capitalistes prises par l'insurrection ouvrière, Ils ont détourné le prolétariat vers l'objectif de la guerre anti-franquiste dans le respect de la légalité républicaine et donc de l'ordre bourgeois, qui impliquait non seulement la mise en veilleuse mais la répression de la lutte des classes: par-là même, d'ailleurs, en contenant la révolte agraire, ils ont muselé une force sociale qui, alliée au prolétariat des villes, était seule capable de vaincre le franquisme, mais qui ne l'aurait fait qu'en frappant la bourgeoisie.
Qu'ont fait le PC espagnol et l'Internationale? Ils ont noyé la révolte de classe sous les «objectifs prioritaires». La déclaration de José Diaz, secrétaire du PCF, contient les formules types de l'opportunisme:
«Nous ne désirons lutter que pour une république démocratique avec un contenu social étendu (...) Il ne peut être question actuellement de dictature du prolétariat, ni de socialisme, mais seulement de la lutte de la démocratie contre le fascisme.»(8 août 1936)»
Qu'ont fait les dirigeants de la «gauche» anarchiste et trotskiste? Ils ont négligé de s'attaquer à l'Etat; ils ont même fini par entrer au gouvernement. Il faut lire la déclaration du POUM, expliquant sa participation au gouvernement, pour mesurer l'ampleur de la tragique naïveté des «tacticiens» trotskistes:
«La bourgeoisie internationale refusait de nous fournir des armes. Nous devions donner l'impression que les maîtres étaient non les comités révolutionnaires, mais le gouvernement local.»
C'est pour ce résultat illusoire que la révolution espagnole, si fragile qu'elle ait été, s'est suicidée.
Le dernier acte de la révolution espagnole, avant l'agonie de la guerre, c'est la révolte de Barcelone, en mars - mai 1937. Encore une fois, comme aux plus belles journées de juillet 1936, le prolétariat était maître de la ville. Et il fallut toutes les exhortations des directions anarchistes à ne pas poursuivre une lutte «fratricide» (!), ainsi que l'incapacité du P.O.U.M. à voir plus loin qu'un «gouvernement syndical» manifestement de collaboration de classe, pour que l'élan révolutionnaire s'essouffle et, que les ouvriers déposent les armes.
Non seulement ce fut l'assassinat d'un mouvement de révolution, au nom de la défense prioritaire de la République, mais un désastre politique à long terme. La confusion politique et la trahison stalinienne ont conflué pour enfermer jusqu'à maintenant le prolétariat espagnol dans l'idée que sa tâche est d'instaurer l'Etat républicain, et de faire pour cela, au besoin, l'«unité» la plus large, comme dit S.-Carillo, non seulement avec la bourgeoisie, mais même au besoin, avec les éléments «repentis» de la Phalange.
Qu'est-ce qu'ont représenté alors les grandes périodes d' «unité démocratique» contre le fascisme, revendiquées par l'opportunisme, du Front Populaire et de la Résistance? Elles ont été le prétexte pour paralyser le prolétariat et l'entraîner aux côtés de sa bourgeoisie.
Le Front Populaire: En septembre 1934, la Russie entrait à la SDN, et signait des pactes avec les Etats démocratiques bourgeois. Le PC français qui s'était ai difficilement constitué sur la base des 21 conditions retournait alors complètement, après le bref tournant ultra-gauche (qui n'avait rien à voir avec la position communiste), à ses sources Sociale-démocrates, en prenant pour prétexte l'existence de Ligues d'extrême-droite, qui avouaient elles-mêmes leur faiblesse, au moment des élections. Le Front Populaire permit de réaliser sans trop de résistance ouvrière, malgré les queues de grève de 1936 - 1937, le programme bourgeois d'union nationale et de préparation à la guerre impérialiste que les Etats bourgeois menaient de leur côté.
Le PC joua un rôle actif dans le renforcement de l'Etat bourgeois, appelant au «maintien de l'ordre» et à l'arrêt des grèves, approuvant la loi contre les extrémistes qui servit à frapper les groupes de gauche, soutenant la politique coloniale de maintien de l'Union Française. Il reprit carrément, avec l'alibi du fascisme, le vieux programme Social-Démocrate des Bernstein, des Millerand, le programme d'alliance contre «la droite» sur des objectifs purement bourgeois, avec quelques vaines revendications petite-bourgeoises, célébrant 89, Voltaire, Jeanne d'Arc («fille du peuple luttant contre l'envahisseur...»), reprenant en main le drapeau tricolore, d'abord pour «défendre la paix», avec des paroles complètement vides et utopiques, puis, tout naturellement, après l'intermède du pacte germano-soviétique, pour entraîner les ouvriers dans cette guerre qu'encore en 1934 l'Internationale Communiste avait condamnée d'avance, au moins verbalement, en lui opposant le défaitisme révolutionnaire.
La Résistance: le rôle des PC français ou italien après la guerre (qui ne fut nullement la «victoire de la démocratie contre le fascisme», mais celle de l'impérialisme le plus fort), fut en parfaite continuité contre-révolutionnaire avec la période du Front Populaire: la lutte dans une guerre impérialiste aux côtés de la bourgeoisie pour des buts nationaux ne pouvait qu'aboutir au soutien de cette même bourgeoisie dans la reconstruction capitaliste.
Qu'est-ce donc que l'antifascisme démocratique? C'est la réaction normale de la petite-bourgeoisie hésitante (et même de la bourgeoisie, aussi longtemps du moins qu'elle n'est pas poussée objectivement à s'unifier) qui voudrait bien le capitalisme sans violence, le marché sans la concurrence, sans la guerre, etc..., et qui cherche, comme le disait Marx dans le Manifeste (Ed. Soc. p. 83) à « porter un remède aux anomalies sociales, afin de consolider la société bourgeoise », invitant le prolétariat à « s'en tenir à la société actuelle, mais à se débarrasser de la conception haineuse qu'il s'en fait ».
L'antifascisme démocratique aux mains des partis opportunistes qui dirigent encore la classe ouvrière, c'est une arme contre le prolétariat, un moyen pour fournir à la bourgeoisie, en cas de crise, la solution de rechange la plus économique, pour faire croire au prolétariat que l'Etat bourgeois pourrait être autre chose que ce qu'il est, qu'il a à choisir la meilleure forme d'Etat et non à briser l'Etat bourgeois pour instaurer son propre état de classe.
Il n'y a pas d'autre antifascisme que l'anticapitalisme, pas d'autre alternative dans les pays capitalistes développés que dictature de la bourgeoisie ou dictature du prolétariat.
Quelques liens sur internet sur le même sujet :
http://infokiosques.net/IMG/pdf/antifa_ik-net.pdf
http://www.ibrp.org/fr/articles/2002-12-01/fascismeantifascisme
http://fr.internationalism.org/node/2773
http://fr.internationalism.org/french/brochures/democratie_fascisme_anti_fascisme_extreme_gauche.htm
http://www.sinistra.net/lib/upt/prolac/muua/muuainucaf.html
http://www.sinistra.net/lib/bas/progco/qioi/qioiipebef.html
http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=342
http://mouvement-communiste.com/pdf/booklet/supp_2_barcelone_1937_fascisme_et_antifascisme_contre_le_proletariat.pdf
http://www.mouvement-communiste.com/pdf/booklet/supp_7_democratie_et_fascisme.pdf
http://sinistrespectacle.free.fr/En_finir_avec_l_antifascisme_Spectacle.htm
http://sinistrespectacle.free.fr/de_l_utilite_de_l_extreme_droite_pour_la_gauche_bourgeoise.htm
http://www.legraindesable.com/html/anti-fascisme.htm
http://troploin0.free.fr/biblio/insur_fr/page2.htm
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