© 2009 AMVEAT

 

Le communisme libertaire

 

 

Pourquoi le communisme ? Qu’est-ce que le communisme

 

 

 

Seul le communisme est l’alternative véritable au capitalisme.

Mais attention, le communisme n’a rien à voir avec le « socialisme » en Russie et des pays de l’Est. Ces pays ne furent que des capitalismes d’Etat.

 

Communisme : une société fondée sur la mise en commun des moyens de production, sans appropriation privée ou privative, centralisée, c’est-à-dire sans classe.

Libertaire : une société qui a pour objectif et pour condition l’émancipation de la société, des travailleurs et des individus, qui passe par l’égalité économique et la démocratie de bas en haut de la production et de toute la société.

 

 

Pourquoi l’anti-capitalisme

Nous sommes résolument anticapitalistes. Nous ne nous opposons pas seulement aux abus du système qui domine aujourd’hui le monde entier. Nous sommes radicalement opposés à ses fondements : l’exploitation du travail humain au profit de minorités dirigeantes et privilégiées ; la destruction progressive des ressources naturelles ; le développement mondial inégal et l’impérialisme ; l’aliénation de l’individu ; la domination étatique sur la société.

Anticapitalistes, nous refusons la course aux profits, la logique d’entreprise, le modèle de développement productiviste, la hiérarchie et les inégalités sociales, qui sont les crédos d’une société totalement dominée par le mode de production et les classes capitalistes.

Nous sommes anticapitalistes pour des raisons sociales, par notre engagement dans les luttes de classe des exploités. Nous le sommes pour des raisons éthiques, par notre attachement à des valeurs égalitaires, libertaires, de justice sociale et de respect des spécificités de chaque individu. Nous le sommes également pour des raisons vitales, puisque le capitalisme repose sur une surexploitation toujours plus poussée de la nature qui menace à terme la survie de l’humanité.

 

 

Ce qu’est le communisme :

Nous luttons pour une société dans laquelle les moyens de production et d’échanges seront gérés non par leurs propriétaires « légaux » actuels ou par des bureaucrates de l’Etat, mais directement par les gens concernés au premier plan, c’est-à-dire les producteurs. Une gestion assurée par des assemblées de base des conseils d’usine, de quartier, de village, de ville et de région, composés de celles et ceux qui y vivent et y travaillent, et qui ont ainsi la possibilité de se fédérer librement pour déterminer la quantité, la qualité et l’usage de la production. Une société dans laquelle le principe de base sera « De chacun selon ses possibilités à chacun selon ses besoins » : une société économiquement communiste, sans classes.

Dans ces nouvelles structures, toutes les formes permanentes de délégation de pouvoir sans mandat précis ni révocation possible à tout moment, de Parti-guide, de Parlement, seront écartées pour laisser la place à l’auto-organisation des prolétaires.

 

Le modèle social-démocrate, qui entendait parvenir au socialisme par une succession de réformes en s’emparant du pouvoir d’Etat par les élections, s’est heurté à la toute-puissance du modèle capitaliste, qui joue tour à tour de la répression et de l’intégration. Il y a bien longtemps que les « socialistes » ont renoncé à se battre pour une société égalitaire et sans exploitation.

 

 

Par autogestion nous entendons pouvoir de décision collectif des assemblées de travailleurs, avec liberté totale d’expression et votes démocratiques. L’autogestion abolit les rapports de production capitalistes dirigeants/dirigés, avec l’organisation hiérarchisée et parcellisée du travail qu’ils impliquent. Dans l’autogestion les responsables, coordonnateurs, délégués, sont élus par les assemblées de base ; ils peuvent être révoqués par elles à tout moment, et ils sont soumis à la direction collective de la base, tenus d’appliquer les grands choix, les mandats impératifs adoptés et régulièrement renouvelés par les assemblées de base et les conseils locaux.

 

La production échappe aux impératifs des profits. Ce sont les besoins humains qui deviennent déterminants. Ces besoins ne sont pas et ne seront jamais « objectifs » : ils répondent à des données culturelles, à des aspirations personnelles, mais aussi à ce que la production propose. Il y a donc une grande diversité de besoins qui appellent un système forcément complexe de détermination des impératifs de production. Deux mécanismes parallèles nous paraissent pouvoir être mis en place. L’un de planification et de coordination générale autogérée, qui centralise les besoins recensés dans les communes et les régions, les unités et les fédérations de production. Cette planification assure la mise en œuvre collective des grandes transformations. Et elle garantit à tous la satisfaction des besoins fondamentaux, de façon libre, gratuite, solidaire : logement, santé, formation, nourritures de base… L’autre mécanisme recouvrirait l’intervention spontanée des individus et des communautés de base s’exprimant dans un marché libéré des contraintes de l’économie marchande mais permettant l’accès libre de chacun aux produits et aux services de son choix.

 

Le soi-disant « communisme » de la Russie soviétique n’est pas marxiste

Comme l’écrit le philosophe marxiste Lucien Sève :

La très grande majorité des Français, y compris sans doute nombre d’électeurs, voire de militants communistes, tiennent pour une parfaite évidence que, selon une formule connue, « le communisme a été essayé, et il a radicalement échoué ».

Or, chose stupéfiante : ce que Marx n’a cessé de penser sous le mot communisme, les pays de l’Union soviétique, les pays d’Europe de l’Est, le Cambodge, etc.,  n’ont à peu près rien à voir avec « le communisme », c’est même sur nombre de points plutôt le contraire.

 

Les « pays communistes » ? Pas un seul ne s’est jamais dit lui-même communiste, et pour cause : en aucun d’eux, quels qu’aient pu en être les mérites partiels, les travailleurs associés n’ont été maîtres de leurs puissances sociales ni libérés de formes classiques ou inédites d’aliénation – à mille lieues du « à chacun selon ses besoins ». Stalinisé ou brejnévisé, « le socialisme » n’a nulle part été l’antichambre annoncée du communisme, il lui a au contraire tourné le dos jusqu’à se vouloir « rattrapage du capitalisme ». Les « partis communistes »? Même ceux qui se sont nommés ainsi ont retiré il y a longtemps le communisme de leur visée réelle au profit d’un « socialisme » supposé plus réaliste, alors que la conquête du pouvoir censée en ouvrir l’accès s’avérait, elle, inaccessible, de sorte que leur activité de plus en plus alignée sur le calendrier électoral a fait d’eux des partis comme les autres, mais sans chance crédible de devenir jamais dirigeants, les vouant ainsi à une implacable désaffection. Les « idées communistes »? Une enquête montrerait que sous ce qualificatif est massivement placé par l’opinion commune le contraire même des vues de Marx – productivisme, étatisme, dédain de la démocratie et de l’individu...

 

On en vient ainsi à un constat aussi décisif que paradoxal : ce que l’idéologie dominante, celle de l’adversaire, appelle « le communisme » – et nous aussi hélas, trop souvent – a si peu de rapport avec le communisme marxien qu’il en est sur plus d’un point le contraire. En résulte un terrible malentendu : le même énoncé – « le communisme est mort, il faut l’abandonner » – est passible de deux significations politiques opposées. Premier sens: «le communisme», tel que l’entend le parler courant – étatisme généralisé, bureaucratisme de parti, doctrinarisme de pensée... – a été décisivement invalidé par l’histoire et c’est dans un tout autre sens qu’il faut désormais chercher – je ne vois pas quant à moi qui peut le contester. Deuxième sens: le communisme, tel que l’a entendu Marx, n’est plus d’aucune pertinence et c’est dans un tout autre sens qu’il faut aujourd’hui s’orienter – avec cela on est fondé à être, et je suis pour ma part, en désaccord radical.

Que « le communisme » soit mort n’est plus à débattre : c’est un fait massif et têtu; que le communisme soit obsolète n’est en rien établi avant débat : c’est au contraire la question à examiner, et à expérimenter. L’idée si répandue selon laquelle « le communisme a été essayé, et il a échoué » relève de la totale équivoque. Si l’on a en vue ce que le parler courant nomme « le communisme », c’est flagrant; si l’on pense au communisme de Marx, c’est absurde : en ce sens, le communisme n’a aucunement échoué pour la bonne raison qu’il n’a jamais existé nulle part.

 

L’échec partout du « communisme » sans communisme, ce « socialisme » mensongèrement donné pour « première phase du communisme » quand il lui tournait le dos sur tous les points essentiels – pas d’appropriation collective des moyens de production parles travailleurs associés mais leur confiscation par une nouvelle couche privilégiée, pas de dépérissement de l’Etat mais l’instauration d’un despotisme, et en fait d’émancipation des consciences, une mystificatrice idéologie officielle dépolitisante. Ce qui a été disqualifié par l’histoire n’est pas un communisme qui jamais ne fut « essayé » mais le socialisme sous toutes ses variantes, sans oublier les variantes sociale-démocrates, c’est-à-dire la promesse intenable d’une désaliénation ne s’en prenant pas au fond même des aliénations majeures.

 

 

 

La future révolution sociale ne sera ni de despotisme moscovite ni de chlorose social-démocrate, elle ne sera pas autoritaire, mais libertaire et autogestionnaire, ou, si l’on veut, conseilliste.